Peepshow (2016)

Il est des expériences théâtrales dont on a peine à sortir, tant l’univers proposé est ensorcelant. Peepshow est de celles-là. Monia Chokri nous offre une prestation extraordinaire.
— Aurélie Olivier, Revue JEU
Sur la photo, Monia Chokri, le monstre (photo: Caroline Laberge)

Sur la photo, Monia Chokri, le monstre (photo: Caroline Laberge)

Entre phrasé didactique et complexité de la psyché humaine, le texte impose, lui, une mécanique implacable, ce ton, ce style qui font généralement ces sous-bois, la nuit, inquiétants, ces arbres à contre lune donnant l’impression d’être vivant, ces bruissements qui tétanisent. Des environnements morbides en somme, semblant convoquer la mort, mais qui, à l’image de ce Peepshow, font surtout ressortir la vie et cette incroyable urgence d’en profiter, lorsqu’on surmonte nos peurs pour les affronter
— Fabien Deglise, Le Devoir

Peepshow

Dans la forêt, une enfant égarée se réjouit lorsqu’elle rencontre un monstre, le chaperon rouge nue s’allonge près du loup, un homme ivre vomit du sang sur la neige, un chien perdu s’éprend d’une jeune femme, une maîtresse d’école coupe sa chair avec une lame… Ces histoires, qui tirent leurs origines dans celles de ma propre vie, sont de petites fenêtres ouvertes sur la douleur intime provoquée par un chagrin d’amour. Elles sont aussi l’illustration d’une quête, d’un désir de réinventer à contre courant la manière d’atteindre le cœur des autres dans leur vie privée. Cette jeune femme qui parle, elle ressent dans sa chair le besoin de vivre les expériences excitantes et inédites en laissant libre cours à l’expression de son désir et de ses sentiments, hors des dogmes imposés par la collectivité sans visage. Les tabous transgressés dont il est question ici ne sont pas liés aux pratiques sexuelles ou à la nature des désirs qui ne sont plus tabous depuis longtemps. Ils sont ceux qui sont liés à la différence, à l’excentricité, à l’expression unique à chacun et chacune que nous taisons trop souvent à cause de la peur des regards qui jugent et imposent leur silence.

 

 

 

 

 

 

 

« J’étais dans la forêt. Il faisait très chaud. J’ai décidé de chercher un lac. J’ai marché pendant longtemps et je me suis perdue. J’ai crié, mais personne ne m’a répondu.

J’ai continué de marcher plus loin. J’avais peur. Je suis restée dans la forêt toute la journée. Plus tard le soir, il y a un monstre qui m’a prise par la main. Il m’a emmenée près d’un lac. Je n’avais plus peur. Le soleil se couchait. La lumière était belle. À ce moment-là, j’ai pensé: tiens, je pourrais mourir ici. Mais c’était pas important, ça ne me faisait pas peur. Je tenais le monstre par la main et j’étais vraiment… vraiment contente. » 

 

 

                                        (photo: Marie Brassard)

                                        (photo: Marie Brassard)

 

 

Texte et mise en scène: Marie Brassard

Avec Monia Chokri

Assistance à la mise en scène, Emanuelle Kirouac / Dramaturgie à la création, Daniel Canty / Scénographie, Simon Guilbault / Éclairages, Sonoyo Nishikawa / Costumes, Ying Gao / Musique et interprétation live, Alexander MacSween / Sonorisation et traitement sonore, Frédéric Auger / Vidéo et montage, Pascal Grandmaison / Maquillage et coiffure, Angelo Barsetti / Régie éclairages et vidéo, Dominique Cuerrier / Régie son, Maxime Lambert / Direction technique, Frédéric Auger et Éric Locas / Production Infrarouge

*Cette nouvelle version du spectacle Peepshow, originalement créée par Infrarouge, est une co-production de INFRAROUGE et ESPACE GO