La fureur de ce que je pense / The Fury of my thoughts (en tournée)

La fureur de ce que je pense. Photo: Michael Slobodian

La fureur de ce que je pense. Photo: Michael Slobodian

 
 
 
 
 
 

La Fureur de ce que je pense / Nelly Arcan

L’écriture de Nelly Arcan recèle tant de noirceur qu’il faut souvent quitter le livre des yeux un moment. On se dit mon dieu quelle souffrance, comme cette vision est crue. Et quelle intransigeance, quelle dureté, quelle clarté ils ont ces superbes yeux qui transpercent les autres impitoyablement comme des poignards coupants. Paradoxalement, on éprouve alors de l’affection pour celle qui écrit sans pitié ni compassion. L’élan de cette fureur crachée dans cette parole si dure et vive n’arrive pas à masquer la terreur que cette femme brillante, prisonnière d’une sorte d’état d’effarement ininterrompu, éprouvait face aux injustices de la condition humaine, de la condition féminine, des états amoureux. Cette écriture qui coule comme un fleuve jamais tranquille expose à tout moment l’intensité de cette souffrance qu’elle avait d’être elle-même et l’amplitude de son mal de vivre. Ce spectacle est un chant. Il est porté par un chœur de six actrices et une danseuse, artistes remarquables, enracinées dans la vie. À la fin, une jeune femme ivre, chaussures à la main s’éloigne dans la nuit.

Ce spectre délicat, je l’imagine rentrer chez elle. Elle dort un peu puis, elle se relève avec le jour. 

Nelly Arcan était une femme exposée, offerte au regard des autres sans retenue, fragilisée à la fois par l’œil scrutateur des voyeurs  et par sa propre absence de pudeur. La puissance du rythme de son écriture est saisissante. Avec la volonté de mettre ce rythme en valeur, loin du théâtre psychologique ou du récit biographique, La fureur de ce que je pense propose un collage de ses textes transposés en chants. Le spectacle est un hommage à Nelly Arcan, l’auteure trop tôt disparue.

Neuf chambres sont révélées par des fenêtres-vitrines. Derrière six d’entre elles sont exposées des femmes évoluant dans leur espace privé. À chaque chambre correspond un chant. Chaque chant est l’expression d’une obsession, d’une angoisse ou d’un espoir récurrent dans la pensée et dans l’écriture de Nelly. Chaque chant est porté par une femme différente. Le septième chant, le chant perdu, est le chant du Chœur, dirigé par le personnage du spectre qui s’insinue ponctuellement dans l’intimité des femmes. Loin de Nelly et différente d’elle, chacune de ces femmes incarne un aspect des matières abordées dans son écriture. 

Le chant perdu  /  Où il est question de l'errance, de la solitude et de la souffrance

Le chant des mirages  /  Où il est question des illusions, de l'image et du corps

Le chant occulte  /  Où il est question de la destinée et de la confusion des genres

Le chant de l'éther  /  Où il est question du cosmos, des étoiles et de la nature

Le chant du sang  /  Où il est question des liens du sang et de la descendance

Le chant de l'ombre  /  Où il est question du pouvoir d'attraction de la Mort

Le chant des serpents  /  Où il est question de foi et de folie

 

CE QUE LA PRESSE DIT / What the press says

«I seldom confer the « must-see » distinction, but La fureur de ce que je pense categorically ranks as one of the most enthralling theatrical experiences one has ever been privileged to encounter. (…) The production effortlessly stands alone as Montreal Theatre Hub’s top pick for this year’s FTA for its breathtaking aestheticism, resplendent prose, and arresting message. Galvanizing, sophisticated, and intricate in its finest of details, it’s the kind and calibre of theatre a reviewer profoundly yearns for and waits for years to come across. (…) The striking scenography by Antonin Sorel isolates the seven actresses in adjoint glass cubicles from where they deliver their individual speeches, each presenting unique key motifs from Arcan’s novels. Akin to fragile shop mannequins on vulnerable display, they chant on the objectification of the female figure and the paradoxical empowerment and imprisonment of beauty. (…) Each carnal performance is certifiably more exquisite than the next, but Sophie Cadieux and Larissa Corriveau in the opening and closing segments, respectively, are particularly noteworthy for their remarkable work in distorted physicality. “»   - Camila Fitzgibbon, Montreal Theatre Hub

« La liberté accordée au mouvement joue d'électrochocs, de déchirures soudaines et d'éclatements. Comme des papillons de nuit, ces belles de jour se brûlent les ailes sous des lumières tantôt blafardes, tantôt vives. Leurs monologues sont appelés des « chants » dans le programme, qui sont autant de chants du cygne attirés par la mort. »  - Maud Cucci, Le Droit, Ottawa

« Une pièce coup-de-poing qui nous présente Nelly Arcan dans toute sa vulnérabilité. Six femmes interprétées par six incroyables actrices. (…) La scénographie est honnêtement l’une des plus impressionnantes que nous ayons vue de récente mémoire. »  - Pierre-Alexandre Buisson, La Bible urbaine

 « La fureur de ce que je pense is a dazzling excursion into the work of Nelly Arcan. From Arcan’s writings, with their recurring themes of suffering, the cosmos, death and female identity, director Marie Brassard has extracted seven spellbinding monologues (…) With a cast of six outstanding actresses and one talented dancer, she has orchestrated a sophisticated, powerfully physical show, a compelling blend of sensuality and brutality. Antonin Sorel’s imposing yet sophisticated stage design gives tangible form to the contradictory voices inhabiting Arcan’s shattered psyche. »  - Capital Critics Circle

 « Marie Brassard rend hommage au talent de cette écorchée vive inguérissable à travers une intelligente mise en scène de morceaux soigneusement choisis parmi ses œuvres. […] Il est très rare d’entendre les mots d’un(e) auteur(e) aussi clairement, sans fanfreluches, sans trémolos. "La fureur de ce que je pense" réussit cette gageure remarquable avec humilité et puissance, nous permettant de rencontrer la parole passionnée d’une artiste torturée par un destin écrit dans les cartes. »   - Léa Coffineau, Iogazette.fr

« Grâce au doigté de Marie Brassard, le spectateur oscille entre voyeur, témoin impuissant ou oppresseur. Ça peut devenir lourd, mais c’est à la fois beau et émouvant. L’œuvre est un puissant hommage aux écrits de Nelly Arcan et à son insupportable lucidité. Le spectacle, violent et nécessaire, est également une réflexion sur la haine envers les femmes. Une haine banale, dont on oublie l’existence, tellement sa présence nous semble normale. Une haine qui a vaincu Nelly Arcan. Une haine invisible qui habite dans nos miroirs et qui continue d’empoisonner l’imaginaire de nos petites filles.   - Rose Normandin, Lesmeconnus.net

 « Marie Brassard a accompli une tâche colossale en traversant l’œuvre, organisant cette douloureuse matière en fusion où son auteure ne cesse d’implorer la mort pour toute délivrance. Sa mise en scène, de tout ce mal et de ce souci de vérité même macabre, ne ne tombe jamais dans le pathos. Au contraire, elle nous donne à voir un objet théâtral qui tient tout bonnement du génie. »   -Gilles Lamontagne, Sorstu.ca

« La forte dramaturgie de Marie Brassard nous offre grâce à des extraits choisis, une grande traversée de l’œuvre de Nelly. La création sonore d’Alexander Macsween ainsi que les conceptions scénographiques et d’éclairage contribuent grandement à donner puissance et élégance aux textes de Nelly Arcan sans jamais tomber dans le superficiel. C’est une œuvre percutante, portée avec beauté et intensité par sept comédiennes extraordinaires. On en ressort un peu floué(e), dérangé(e), mais ému(e) d’avoir touché du bout des yeux, des oreilles et du cœur, le fond d’une belle âme, tiraillée entre extase et douleur. »   - Mathilde Perallat, Pieuvre.ca

« Le premier élément qui nous frappe dans la fureur de ce que je pense, c’est cette scénographie d’Antonin Sorel. Sorte de peep-show théâtral suggérant à la fois l’intimité et l’inaccessibilité, la mise en valeur de son occupante et sa solitude. Sept chambres dessinant chacune un lieu significatif.  On reconnaît l’empreinte forte de Marie Brassard dans ce bel objet très ouvragé, vraie poétisation des écrits de Nelly Arcan. À l’obsession de l’image qu’avait dénoncée la brillante auteure -et qui a en retour piégé, parasité son œuvre, la metteure en scène répond aussi par un travail sonore élaboré. D’intéressants effets de distorsion. Avec la musique aux pulsations technos d’Alexander MacSween souvent au même plan que les mots, la metteure en scène a construit une partition, presque un requiem, pour la tragique écrivaine habitée par le mal de vivre. Avec quelques chœurs, chants et récitatifs aux effets incantatoires -sinon toujours plaisants à l’oreille.  (…)  Un objet formellement remarquable, d’une richesse thématique indéniable, qui parvient à faire entendre toute la profondeur d’une œuvre littéraire qui reste aussi méconnue, probablement, qu’elle ne fut médiatisée. »   - Marie Labrecque, Le Devoir, Montréal

 « Impossible de ne pas sortir ébranlé de la fureur de ce que je pense. impossible d’oublier la scénographie éblouissante d’Antonin Sorel, la robe sculpturale de Catherine Chagnon portée par Évelyne de la Chenelière, la musique particulièrement riche d’Alexander MacSween, les éclairages de Mikko Hynninen, qui tantôt enveloppent, tantôt dénudent. Impossible surtout d’ignorer les mots de Nelly Arcan, aussi tranchants quatre ans après sa mort que lorsqu’ils ont été écrits.  Les textes de Nelly Arcan ont été habilement découpés, assemblés et mis en scène par marie brassard pour s’articuler autour de sept grands thèmes. (…) L’auteure se serait sans doute reconnue dans ce portrait protéiforme, ce pas de deux parfois trouble entre le théâtre et l’au-delà. Dommage qu’il ne pouvait être rendu possible que par son ultime sacrifice. »   - Lucie Renaud, Revue Jeu

« Troublant et essentiel le fantôme de Nelly Arcan est à Espace Go. Et sa parole, bouleversante, est une longue lettre d'adieux. La mise en scène sublime de Marie Brassard ressuscite la parole de l'auteure qui nous plonge dans les profondeurs de son âme. Les voix amplifiées par un système de micros charrient les mots de Nelly Arcan, bien accrochés à la musique d'Alexander Macsween, qui renforce notre impression d'être face à son spectre. De leurs cases vitrées, comme autant de cercueils ou de vitrines abritant mannequins ou putains, les filles sont prisonnières; comme Nelly Arcan l'était de son vivant. l'image est forte.  Les comédiennes sont toutes les unes meilleures que les autres. Honnêtement, il s'agit d'une des créations les plus marquantes de la saison.» - Jean Siag, La Presse, Montréal

«  La parole de Nelly Arcan révèle de nouveaux atours dans La fureur de ce que je pense, magnifique spectacle à six voix dans lequel les mots de l’écrivaine se confrontent et se chahutent dans un arrière-plan onirique.  Objet d’une grande précision, le spectacle fait se rencontrer différentes facettes de la pensée de l’écrivaine comme autant de visions concordantes, créant un fascinant dialogue autour de l’enjeu du corps féminin, tel qu’il se contraint dans les stéréotypes et s’emprisonne dans une image figée.  Brassard joue sur la perception en misant comme toujours sur une énonciation finement travaillée: des voix amplifiées, parfois trafiquées, qui adoptent ou transcendent le rythme dicté par la musique électroacoustique d'Alexander MacSween. La scénographie place chacune des comédiennes dans une boîte vitrée comme si elles évoluaient séparément dans les cases d’une bande dessinée, dialoguent entre elles de manière non linéaire et finissent par se rejoindre dans un jeu de correspondance infini, contribuant à faire de cette pièce un fascinant théâtre mental qui exalte le pouvoir de la pensée. S’en dégage aussi une certaine plasticité, à l’image des corps marchandisés que dénonçait Nelly Arcan. Un objet théâtral très élaboré et absolument captivant. »    - Philippe Couture, Voir, Montréal

« Rares sont les moments de théâtre qui vous traversent avec autant d'intensité, de force. Rares aussi ceux et celles qui s'emparent d'une œuvre  littéraire et savent percevoir la dramaturgie, sans que ce ne soit une trahison ni pour l'œuvre  ni pour le théâtre.  (…) Marie Brassard, Sophie Cadieux, et les six autres comédiennes donnent un spectacle vertigineux sur la fragilité humaine et peut-être là est le grand tour de force, puisque rien n’est désespéré. Peut-être là se trouve un des héritages de Nelly Arcan, une ode à la vie qu’elle aimait à un tel point qu’elle ne pouvait plus continuer… à bout de souffle. » - Denis-Daniel Boullé, Fugues   

« La Fureur de ce que je pense is a mesmerizing piece that delivers rivers of Arcan’s seldom-punctuated poetic prose, as it explores the solitude and melancholy of her brief existence.(…)The appeal of La Fureur de ce que je pense lies in its language (for the most part, clearly articulated, beautiful French), its passionate performances, its lonely, evocative decor (by Antonin Sorel), its striking lighting effects (by Mikko Hynninen), its haunting soundtrack (by Alexander MacSween) and, of course, the lingering fascination of Arcan herself.» - Pat Donnely, The Gazette     

« La liberté accordée au mouvement joue d'électrochocs, de déchirures soudaines et d'éclatements. Comme des papillons de nuit, ces belles de jour se brûlent les ailes sous des lumières tantôt blafardes, tantôt vives. Leurs monologues sont appelés des « chants » dans le programme, qui sont autant de chants du cygne attirés par la mort. »  - Maud Cucci, Le Droit, Ottawa

Crédits / Credits

Textes / Written by : Nelly Arcan (collage)

Adaptation et mise en scène / Adapted and directed by: Marie Brassard

Idéation et développement/Original idea development: Sophie Cadieux

Collaboration à l’adaptation et dramaturgie/Collaboration to the adaptation and dramaturgy: Daniel Canty

Interprétation/Performed by : Christine Beaulieu, Sophie Cadieux, Evelyne de la Chenelière, Johanne Haberlin, Julie Le Breton, Anne Thériault et Larissa Corriveau.

Musique/Music : Alexander MacSween

Scénographie et accessoires/ Set design and props: Antonin Sorel

Assistant aux accessoires/Props design assistant : Alex Hercule Desjardins

Lumière / Light design: Mikko Hynninen

Son/Sound design : Frédéric Auger

Costumes/Costume design : Catherine Chagnon

Assistant aux costumes/Costume design assistant: Éric Poirier

Maquillages/Make-up design: Jacques-Lee Pelletier

Coiffures/Hair : Patrick G. Nadeau

Assistante de Marie Brassard/Marie Brassard assistant : Hélène Villeneuve

 

Direction de production/Production director : Anne McDougall

Direction technique décor: Jean François Landry

Direction technique : Mateo Thebaudeau

Régie son/Sound manager : Frédéric Auger et David Blouin

Production : Infrarouge / Espace GO

Coproduction : Théâtre français du CNA (Ottawa), Festival TransAmériques (Montréal), PARCO (Tokyo)

Agent de tournée à l’internationale : Menno Plukker Theatre Agent Inc (menno@mennoplukker.com)

Agent de tournée en France : Sarah Ford, Quaternaire (sarah@quaternaire.org)

La version originale du spectacle a été créée en 2013 à Espace GO